Tout savoir sur le cross docking, un mode d’organisation en flux tendu
Avec le développement de la vente en ligne et notamment l’avènement d’Amazon, les comportements des consommateurs ont fortement évolué. Ces derniers sont en effet de plus en plus habitués à disposer de leurs biens dans les plus brefs délais, à tel point que leur niveau de satisfaction peut en être largement influencé. Que ce soient les acteurs de la grande distribution, les commerçants ou les sites de e-commerce, tous ont bien saisi l’importance du challenge. D’ailleurs, dorénavant ils mettent tout en œuvre pour améliorer leurs flux d’approvisionnement et ainsi leur processus de livraison.
Pour répondre à ce type d’enjeu, il existe notamment le cross-docking. Cette pratique consiste en effet à croiser les flux entrants et sortants sur un même quai sans passer par la phase de stockage logistique. Au-delà de réduire les délais de livraison, le cross docking est particulièrement adapté pour gérer l’approvisionnement de produits alimentaires fragiles et périssables. Dans cet article, nos experts en logistique et transport vous proposent de découvrir en quoi consiste le cross-docking et quels sont les différents types, mais aussi de faire un point sur les avantages de mettre en place cette pratique dans vos flux logistiques.
Définition et fonctionnement du cross-docking
> C’est quoi le cross dock ?
En logistique, il existe deux types de flux de marchandises :
Le premier, appelé flux de marchandises discontinu, s’applique lorsque l’offre et la demande de produits ne sont pas parfaitement coordonnées. Dans ce cas, une phase de stockage en entrepôt est nécessaire avant la livraison finale. Ainsi, la marchandise étant déjà stockée, cette dernière peut être préparée et envoyée dès lors qu’il y a une demande. Cela implique en revanche des frais de stockage et surtout, ce n’est pas adapté à toutes les typologies de produits.
À l’inverse, lorsque l’offre et la demande sont synchronisées, on parle de flux continu et c’est justement dans ce contexte que l’on peut pratiquer le cross docking qui est particulièrement adapté pour les fruits et légumes, les produits périssables, les envois urgents, l’optimisation de tournées (groupage/dégroupage), ou encore les gros volumes. Il est surtout pratiqué par le e-commerce, les grandes surfaces de distribution ainsi que la livraison de la presse quotidienne.
En logistique, le cross docking est un mode de préparation de commandes à flux tendu permettant d’accélérer le processus de livraison en réorganisant rapidement la marchandise en vue d’optimiser les itinéraires de livraison et ainsi gagner en efficacité.
Le cross docking consiste donc par définition à faire passer les marchandises depuis le quai de déchargement vers le quai d’expédition où ils sont identifiés et triés pour être consolidés par commande afin de les distribuer directement aux clients selon des itinéraires de transport optimum. Dans ce contexte, l’entrepôt est utilisé comme un simple lieu de transit et non plus comme un lieu de stockage, car la marchandise y reste 24 heures tout au plus.
> Exemple d’organisation des flux de transport avec et sans prestation cross dock
> Comment fonctionne le crossdock ? Une prestation en 3 étapes
La réussite de la prestation du cross docking repose sur la mise en place d’une organisation parfaitement coordonnée des 3 étapes suivantes :
Étape 1 : En amont de la livraison sur la plateforme de cross dock, chaque colis ou chaque unité de manutention (UM) doit être identifié via un code-barre et étiqueté par le fournisseur avec les coordonnées du client en prévision de la livraison finale.
Étape 2 : Une fois arrivées sur la plateforme de cross docking, les palettes sont déchargées sur les quais d’entrée, identifiées et enregistrées via les codes-barres afin d’être dégroupées selon le lieu de destination. C’est également à ce moment-là que les marchandises reçoivent un contrôle qualité.
Étape 3 : Les colis sont rapidement voire immédiatement transférés vers une zone de groupage ou directement sur les quais de sortie pour être chargés selon leur lieu de destination. Au moment du chargement, les colis, même s’ils ne sont pas passés par l’étape de stockage, sont à nouveau scannés pour valider la sortie et lancer la phase de transport aval.
Par conséquent, la mise en place du cross-docking nécessite un système d’information capable d’assurer la traçabilité en temps réel et tout au long du process, de chaque colis.
> Le fonctionnement d’une plateforme crossdock
Panorama des différents types de cross-docking possibles sur une plateforme logistique
De la plus simple à la plus complexe, le cross docking peut prendre plusieurs formes. On distingue en effet trois techniques différentes en entrepôt logistique.
> Le process du cross-docking pré-distribué ou cross-docking direct
Ce type de pratique est la méthode la plus simple et rapide à mettre en œuvre, c’est d’ailleurs le type de cross docking le plus courant.
Dans ce cas, en amont de la livraison sur la plateforme de déchargement, le fournisseur emballe et palettise les marchandises en prévision de la livraison au client final. De ce fait, dans le cadre du cross docking direct, les manutentionnaires de l’entrepôt n’ont plus qu’à réceptionner les palettes, effectuer un léger contrôle qualité et expédier les marchandises au client final.
Le cross docking direct est particulièrement adapté dans le cadre de livraisons à destination des grandes surfaces de distribution.
> Le process du cross-docking consolidé ou cross-docking indirect
Dans le cas du cross docking consolidé, il n’y a pas de préparation par le fournisseur en amont de la livraison sur la plateforme de déchargement. C’est donc une opération plus complexe que le cross docking direct puisqu’elle nécessite une manipulation des marchandises par le prestataire logistique, c’est-à-dire dépalettiser, trier (éclater) et palettiser à nouveau selon les besoins du client final, et l’itinéraire prévu pour la livraison avant d’être placé sur les quais d’expédition.
Du fait de cette phase d’éclatement du chargement vers les différents points de livraison, l’entrepôt doit disposer d’une zone dédiée à la préparation des commandes.
Cette technique est particulièrement adaptée lorsque les marchandises proviennent de fournisseurs différents.
> Le process du cross-docking mixte ou cross-docking hybride
La version hybride est la technique de cross docking la plus complexe. Elle consiste en effet lors de la préparation de commandes à combiner à la fois des produits déjà en stock dans l’entrepôt avec des produits venant tout juste d’être livrés à quai. De la même manière que pour le cross docking indirect, une zone de conditionnement est dédiée pour la préparation des commandes. Bien sûr, l’efficacité de cette technique repose sur une synchronisation parfaite de tous les flux logistiques.
Pourquoi faire du cross-docking ? 4 avantages de cette pratique pour votre supply chain
La mise en place du cross docking contribue de manière considérable à l’optimisation de la Supply Chain d’une entreprise et présente de nombreux avantages :
1– Le cross-docking réduit les délais de livraison
Le principe même du cross docking est le passage à quai des marchandises dans un laps de temps très court sans passer par la case stockage, picking logistique et conditionnement. De ce fait, le premier avantage de ce mode d’organisation est d’offrir un maximum de réactivité et de meilleurs délais de livraison pour le client final. Ce premier point est d’autant plus vrai lorsque l’on pratique le cross docking direct.
2– Le cross-docking réduit les coûts liés à la logistique
La plateforme étant simplement un lieu de transit, les coûts d’entreposage, les frais de manutention et de préparation sont largement réduits, voire quasi nuls dans certains cas. De plus, ce mode d’organisation permet d’optimiser les itinéraires de transport en réorganisant les marchandises selon les points de livraison. En ce sens, le cross docking permet donc également de réduire les coûts liés à l’expédition des marchandises.
3– Le cross-docking réduit les risques d’abîmer la marchandise
Dans le cadre du cross docking, les produits ne restent que très peu de temps à l’entrepôt, de plus les opérateurs de commande n’ont pas ou très peu de préparation et de manutention à prévoir. Cela permet donc de réduire les risques de casse ou de détérioration ce qui est très intéressant pour les produits frais et fragiles. La gestion des retours produits en est donc fortement simplifiée.
4– Le cross-docking réduit l’empreinte carbone
Dans la mesure où le cross docking nécessite seulement d’une petite zone dédiée au conditionnement et non plus d’un espace de stockage important et qu’il permet de planifier les itinéraires de livraison de manière optimale, le cross docking permet de réduire l’empreinte carbone liée à la Supply Chain. C’est donc une pratique particulièrement adaptée à la logistique dite « verte ».